Présentation de la Journée de l'Ecriture
par Maria-Alice Médioni
Bienvenue à cette Journée de l'Ecriture.
Une journée c'est court pour parler d'Ecriture et surtout pour travailler mais, vous allez le voir, elle sera bien remplie ! Une journée c'est court mais nous avons conçu cette journée comme un prolongement à notre Colloque du mois de février dernier : L'entrée dans la Culture Ecrite : un enjeu de démocratie, auquel un certains d'entre vous ont participé. Un bon nombre d'éléments travaillés lors de ce Colloque vont être repris ici, sous l'angle, bien entendu, de l'écriture. Nous disions, en effet, à propos de la lecture que :
- " beaucoup d'enfants sont en échec parce qu'ils ont une entrée passive dans l'écrit, parce qu'il y a chez eux, absence de projet de lecteur, conséquence d'un rapport à l'écrit, au savoir, au monde construit antérieurement dans la famille, mais renforcé par les pratiques scolaires
- beaucoup d'enfants pensent que l'écrit est une fin en soi, or c'est un moyen de prendre pouvoir sur soi, sur les choses, sur le monde "
Nous pourrions reprendre intégralement ces propos en remplaçant lecture par écriture. En y ajoutant que beaucoup de gens ont une représentation terrifiante de l'écriture, héritée bien souvent de l'école encore une fois, terrifiante parce que basée sur l'idée de spontanéité, de don, de facilité, d'inspiration, de génie. En même temps, une enquête réalisée par la revue Lire, en février 2000, sous le titre " Etes-vous tous des écrivains ? " faisait ressortir que " le nombre de livres publiés croît sans cesse mais le nombre de candidats à l'écriture croît plus vite encore ", pour ajouter que si " écrire est la plus accessible et la moins onéreuse de toutes les pratiques artistiques ", il ne suffit pas de " s'asseoir devant son écran pour être écrivain ". L'article déplorait aussi le fait que " la télévision ne fait plus la différence entre un écrivain et quelqu'un qui fait un livre ".
Ces quelques fragments d'article m'inspirent quelques questions qui, je le pense, seront travaillées ici :
- qu'est-ce qui fait que malgré le fait que écrire reste une activité difficile, on soit tous, ou presque, si tentés de s'y lancer, que l'envie nous tenaille tant ? Serait-ce, comme le dit le titre de l'atelier de Patrick Dubost que " écrire (c'est) exister un peu plus " ? Nous vous invitons à le vérifier ici.
- s'il ne suffit pas de " s'asseoir devant son écran pour être un écrivain ", l'atelier d'écriture peut-il être un moyen efficace pour entrer dans l'écriture ? Est-ce alors un facilitateur de l'écriture, c'est-à-dire une " béquille qui aide à marcher d'une petite écriture et qui empêche de courir ", comme le dit Michel Ducom, en parlant des ateliers qu'on pratique souvent à l'école ou dans la formation d'adultes ? Est-ce, au contraire, " un processus révolutionnaire qui est la prise de pouvoir de TOUS dans le champ de la pensée écrite et dans celui de la création, jusque là domaines réservés des mandarins ou des hobereaux jaloux de leur pouvoir étroit " (M. Ducom) ? Et qu'est-ce qui fait la différence entre la première approche et le deuxième pari ? La barre est haute mais nous relevons le défi.
- qu'avons-nous à gagner à la fréquentation des auteurs consacrés ? Odette et Michel écrivent dans " Ecrire dans les parages du texte " : " Il en est de l'écriture et de son maniement comme de l'apprentissage d'une langue étrangère. On gagne dans l'un et l'autre cas à fréquenter les " gens du pays " et à multiplier les contacts et les occasions ". Vous avez ici l'occasion de ce contact
élargi car (et je cite encore) " l'écriture, loin d'être uniquement un moyen d'expression, est d'abord construction de la personne, et que, à ce titre, elle ne peut se passer de la confrontation avec le " socio ", élargi ici à tous les auteurs ", c'est-à-dire, vous tous, nous tous.
Une journée bien remplie donc de questions que nous avons tous dans la tête, d'expériences dont les uns et les autres viendront faire état, de paroles et de textes écrits, avec, ce soir, un spectacle : une lecture-performance de Patrick Dubost. Une journée, donc, qui se veut une invitation à se lancer et ou à continuer, comme le dit Pierre Colin en conclusion de " Lettre ouverte à quelqu'un qui n'écrit pas " (dont le texte est ici disponible, premier cadeau de la journée) : " Et si tu faisais ça tous les huit jours ? Ou tous les jours ? A chaque instant ? Si tu décidais d'être Rimbaud ? Ou un autre ? Et si c'était possible ? Et si tu le décidais pour les autres ? Pour les enfants ? Pour tous ? Et si c'était ça, le POUVOIR D'ECRIRE ? Essaie donc, avec nous, c'est comme ça qu'on changera la vie ! "
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